Trois questions à Annie Le Cam

Trois questions à Annie Le Cam

Présidente fondatrice du Comité féminin Dordogne pour le dépistage des cancers, Annie Le Cam revient sur les 20 années de l'association.

Pourquoi avoir créé ce comité féminin ?
Le cancer du sein est une épreuve tant physique que morale. Pour en sortir, il me fallait « aller de l'avant » et j'ai alors choisi la Fac de Droit. Après 4 ans, il me fallait palier le sentiment de vide que j'allais ressentir en abandonnant les études. Je savais que je le trouverais dans le plaisir du lien à autrui en m'impliquant dans un groupe social. II me fallait trouver un sens à mon existence en me connectant à quelque chose. Il ne faut pas toujours demander à la vie ce qu'elle peut vous apporter mais se demander ce que l'on peut faire pour elle. Il me fallait aussi retrouver une véritable paix intérieure et un sens plus profond du rôle que je pouvais jouer auprès des autres. En faisant cela, je me disais que cela m'apporterait plus qu'un simple retour au bien-être. Ce serait le sentiment de puiser mon énergie dans ce qui donne un sens à la vie elle-même.
Je vais citer Sénèque « les destins conduisënt celui qui accepte et trainent celui qui refuse». Notre destin serait-il programmé ? Si c'est par ce mot qu'on le désigne avec tous ces rebondissements contradictoires. Il y a des moments heureux et malheureux mais de là à conclure que nous sommes conditionnés par les interventions aveugles du hasard ! je ne le pense pas.
Mais si par destin on désigne la chronologie par une volonté supérieure d'un ensemble d'événements dont la finalité nous échappe c'est autre chose. Dans ce cas, il ne faudrait plus l'appeler le hasard mais la providence et pourquoi pas Dieu. C'est tout cela que je me dis aujourd'hui. Il a suffi d'une émission à la télévision, un nunémro de téléphone enregistré et la suite la rencontre avec la Présidente Nationale de la Fédération des Comités Féminins. La relation qui s'était instaurée entre nous, nous avait donné à chacune une sacrée énergie positive, celle qu'on n'utilise pas à se plaindre, à resasser ou à gratter ses plaies mais pousse à créer et à faire des projets.
Ainsi, ensemble nous avons décidé de créer un Comité Féminin pour le dépistage du cancer du sein en Dordogne. C'était : il y a 20 ans

Quel bilan tirez-vous de ces 20 années ?
Bien sûr, je suis fière avec toute notre équipe de ce bilan. En rédigeant la revue de presse « hors série» (nous en éditons une tous les ans) j'ai ressenti une certaine nostalgie en parcourant toutes ces années. Au vu de certains événements, j'ai retrouvé mon ressenti lors de certaines périodes : désir d'aller de l'avant mais aussi des moments un peu anxiogènes : la peur de ne pas y arriver. Mais au fur et à mesure que je faisais défiler les années, c'est non seulement le sentiment d'une mission accomplie qui l'a emporté mais aussi celui d'une mission non terminée. La lutte s'avère encore difficile !

Comment voyez vous les 20 prochaines années, alors qu'un nouveau plan cancer 2021-2030 a été lancé en février par les autorités publiques ? 
La Covid a changé la donne malheureusement. Nous nous attendons dans les cinq prochaines années à 10% de cancers en plus. Il va nous falloir prendre en compte la diminution du taux de participation au dépistage. Tous les efforts fournis depuis toutes ces années ont été malmenés. Aurons-nous la force de remonter la pente. Il va nous falloir améliorer la prévention, limiter les séquelles et améliorer la qualité de vie des patients : près de 400 000 personnes apprennent chaque année qu'elles ont un cancer et plus de 157 000 décèdent de la maladie. Réduire le poids du cancer dans le quotidien de chacun de nos concitoyens est un enjeu fort de la future stratégie décennale. Axe important du nouveau plan cancer: Guérir plus de personnes malades